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Plaidoyer pour une économie sacrée

 

 

Les termes « économie » et « sacré » semblent pointer vers des univers si distants et disjoints que l’idée de les unir dans une même expression parait saugrenue voire déplacée…

 

Pourtant, il n’y aura pas de « nouvelle Terre » sans oser un chemin vers la fusion de ces deux mondes : celui de l’âme qui aspire à une céleste et numineuse expérience de la vie et celui de la « vraie vie », dans la matière, avec tous ses défis, ses  manques, ses tensions, son effervescence…

 

…et nous savons tous, qu’au cœur de cette âpre « réalité » vécue au quotidien par la majorité des citoyens de ce monde, se trouve l’éternelle question de la création - et de la répartition - de l’abondance. Ainsi, les thématiques politico-économiques sont omniprésentes dans les médias et stigmatisent les inquiétudes des peuples et de leurs élites.

 

C’est pourquoi l’un des grands défis et priorités du « projet » nouvelle Terre est de spiritualiser l’économie afin que cette dernière, au lieu d’être étrangère voire aliénante aux yeux de l’âme, devienne le terreau fertile de son action dans la matière, l’un des espaces privilégiés où exprimer son éclat et célébrer sa plénitude.

 

Fondamentalement, qu’est-ce qui oppose tant l’économie et le sacré dans le monde d’aujourd’hui ?

 

Le sacré s’exprime dans tout contexte où est présent un respect émerveillé devant le grand mystère de la vie. Il se révèle chaque fois que nos cœurs entrevoient dans une chose ou un être la magnificence miraculeuse de l’existence. Ou lorsqu’ils s’ouvrent, dans un instant d’intense plénitude, à l’éblouissement de la grâce. Cette conscience invite au respect, de la vie elle-même comme des êtres et des choses qui l’habitent et la dévoilent. Dans ce respect, nous nous sentons naturellement enclin à prendre soin de ces « trésors ».

 

En outre, le sacré est vécu à chaque fois que nous reconnaissons une occasion d’exprimer la beauté qui nous habite, la sensibilité divine que recèlent les profondeurs immaculées de notre Être.

 

Ainsi, un sourire innocent, un geste d’amour authentique, une offrande du cœur, une inspiration créatrice, une soumission béatifique à un courant de grâce ou à un élan de générosité… sont autant d’exemples de moments magiques où le sacré transpire dans le quotidien des Hommes.

 

Le sacré se révèle donc lorsque nous sommes emplis de respect pour ce qui nous habite et nous entoure. De ce respect naît l’action inspirée par l’amour : c’est ainsi que le banal est transfiguré. L’acte profane devient rituel, expression d’une sensibilité aiguë au bien et au beau, à la pureté des mobiles, à la perfection des gestes et à la juste place de chaque être et chose. Cette sensibilité au sacré nous invite à protéger et à nourrir la présence du « divin » dans la matière. Dit autrement, le sacré met l’accent sur le qualitatif et les liens subtils qui donnent sens et relief aux êtres, dans nos expériences comme dans nos actions sur le monde.

 

Quant à l’économie, elle semble bien souvent, et tristement, démontrer le mouvement inverse : par la marchandisation des choses, des êtres vivants et des compétences, elle substitue aux rencontres respectueuses avec les êtres et les choses - et aux relations de cœur à cœur - la transaction calculatrice, motivée par le froid et étroit intérêt personnel: elle nous rend foncièrement indifférent à l’autre. Aussi, en quantifiant la valeur des objets, des ressources et des services, l’économie marchande désenchante, dépersonnalise et banalise ce qui est échangé. Tout est réduit à une commodité interchangeable, accrochée à un nombre abstrait servant de barème universel de valeur. Cette abstraction invite à la marchandisation dont l’effet est de déshumaniser et de désacraliser l’échange. Elle nous déresponsabilise aussi face aux réalités en amont et en aval de celui-ci. Les liens sociaux en pâtissent grandement et  les fondements biologiques de la vie sont tristement négligés.

 

Ainsi, introduire le sacré dans la réalité économique consiste premièrement à trouver des chemins pour stimuler les créations et les transactions qui honorent pleinement les êtres et les choses. Une économie sacrée vise en effet à prendre soin de la vie et à la mettre en éclat, à en révéler ses potentiels illimités de beauté, de sens et de valeur. Centrée ainsi autour des besoins et des potentiels universels, libérée des biais de l’avidité individuelle, elle favorise grandement l’harmonie sociale, l’équilibre écologique et la satisfaction des besoins et élans légitimes de tous.

 

Pour l’usager des biens et services, l’économie sacrée est une invitation à en user avec respect, gratitude et conscience, en connexion de cœur avec les êtres et les forces qui se cachent derrière la réalité visible et palpable de l’objet ou du service rendu. L’usager est appelé à quitter le vieux manteau avilissant de consommateur pour se revêtir de celui de noble gardien. Il est invité à veiller au bon usage de ce qu’il reçoit, au service du rayonnement de la vie.

 

Pour que cette dimension sacrée pénètre le monde économique, des changements sont nécessaires tant à l’intérieur des êtres qu’au cœur du système régulant les échanges.

 

A l’intérieur, les cœurs devront s’ouvrir afin de retrouver une sensibilité profonde à tout ce qui nous entoure et participe de la vie. Pour s’ouvrir, ils auront besoin de guérir leurs blessures et de se libérer des croyances qui maintiennent les portes du cœur fermées.

 

Quant au système économique, il doit être conçu pour soutenir deux principes :

  • souligner le caractère unique et personnel de chaque échange, ce qui participe grandement à sa dimension sacrée

  • permettre l’expression de sa dimension spirituelle : être une offrande du cœur, donnée et reçue comme telle. Cela implique que l’offreur ne soit pas motivé par une attente de retour financier ou matériel, pleinement satisfait de la joie de pouvoir bénir l’acquéreur, de nourrir par cet acte le lien d’amour qui le relie à ce dernier et de se reconnecter par cet acte à sa vérité intérieure, à sa nature divine.

 

Le mode d’échange qui permet pleinement de réaliser ces deux principes est l’économie du don : offrir gratuitement le fruit de notre travail et compter sur la circulation de l’énergie du don, qui par le principe universel d’équité appelé loi du karma, nous reviendra nécessairement. En d’autres termes, ce principe affirme que la vie prend naturellement soin de ceux qui prennent soin de la vie. Plus je donne avec simplicité, pertinence et générosité, plus j’attire à moi bénédictions et une véritable abondance.

 

Sur un plan humain, on comprend qu’en donnant avec le cœur et avec pertinence, nous créons chez les êtres qui reçoivent un sentiment de gratitude qui, naturellement, donne l’envie de redonner, à nous-mêmes, en retour, ou à quelqu’un d’autre qui pourra, avec joie, recevoir leur don. Ainsi l’énergie du cœur et du don circule et, tôt ou tard, elle nous reviendra, parfois par les voies les plus surprenantes pour nos consciences limitées, à travers la grande toile de la vie Une et indivise.

 

(plus de détails sur l’économie du don --> ICI  )

 

Ainsi, la sensibilité à tout ce qui vit, le respect de chaque être, le sens de la juste et bonne place de chaque chose et la capacité à offrir et à s'offrir sans attente (économie du don) sont les clés d'une économie sacrée. Ces clés soutiennent l’énergie de l’amour authentique, la vraie source d'abondance. Elle irrigera le corps social de bénédictions, permettra de conquérir de nouvelles libertés, de tisser des liens de haute qualité entre les êtres. Elle incitera à la création de richesses réelles et nous rapprochera grandement de la véritable plénitude intérieure. 

 

Cette économie sacrée sera la marque la plus spectaculaire de la mutation sociétale à venir. Là où elle saura se manifester, elle reflétera avec éclat la beauté et la noblesse de nos parties divines, de nos Êtres cristallins appelés à cocréer la nouvelle Terre. 

 

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